Les concerts de cet automne
Carl Philipp Emanuel BACH (1714-1788) est le second des quatre fils musiciens de Johan Sebastian BACH. Né à Weimar en 1714, il a été élève à Saint-Thomas de Leipzig avant d’effectuer des études de droit. En 1738, il est nommé claveciniste de l’orchestre du prince héritier de Prusse. En 1740, lorsque ce dernier devient Frédéric II, il le suit à Potsdam, puis en 1741 devient “Kammercembalist” du souverain. La cour de Frédéric Le Grand était l’un des centres musicaux les plus riches de toute l’Europe. Le souverain s’entourait des plus talentueux compositeurs, professeurs et musiciens de l’époque. Le plus notable d’entre eux a été sans conteste Carl Philipp Emanuel. Sur les quelques trois cent oeuvres composées à Berlin entre 1741 et 1767 (date de la nomination à Hambourg de Carl Philipp Emanuel BACH), la flûte reste très présente et son répertoire s’enrichit d’un nombre significatif de chef-d’oeuvres: des sonates, des trios, et six concertos. Probablement écrites pour son souverain, musicien éclairé et brillant flûtiste, les compositions de Carl Philipp Emanuel BACH pour le traverso sont d’une virtuosité et d’une brillance extraordinaire. Elles ont du, à l’époque, mettre à rude épreuve les talents de flûtiste de Frédéric Le Grand.
Très célèbre en son temps, Antonio Vivaldi (1678-1741) sombra ensuite dans un long oubli et ne fut redécouvert qu’au début du XXè siècle, alors que nombre de ses œuvres étaient perdues ou dispersées, d’où la difficulté aujourd’hui d’évaluer sa production. Lui-même, dans ses correspondances, se plaisait à exagérer : il a prétendu un jour pouvoir composer un concerto plus vite que ses copistes ne pouvaient en transcrire les partitions. Quoi qu’il en soit, la musique coulait sous sa plume et nous comptons environ 90 sonates. Les sonates de l’opus 2, sonates de chambre, publiées en 1708 à Venise, ont été conçues selon le modèle des dernières sonates de Corelli publiées en 1700, pour qui Vivaldi avait une grande admiration. Ces sonates sont des œuvres de maturité du compositeur et préfigurent son futur développement.
La programmation musicale de ce festival vise à explorer les rapports entre ce que l’on appelle communément musique baroque et les autres traditions musicales du pourtour méditerranéen
Le festival est organisé par Baroques Graffiti et l’association pour la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine de Clumanc
17ème édition 2024
Deux concerts, qui ont déjà eu lieu avec grand succès
La semaine du Festival
Dimanche 4 août, 20h00, Eglise de Saint-Honorat
Commandées depuis Berlin par Sarah LEVY-ITZIG (grande-tante de Félix Mendelsohn), les trois quatuors pour pianoforte, traverso, alto et violoncelle, datés de 1788, sont les toutes dernières pièces du compositeur. Leur distribution inhabituelle s’explique sans doute par le goût qui règne depuis longtemps dans la capitale prussienne pour la flûte et parce que le cercle d’amis de la commanditaire comptait un excellent altiste.
Ces trois quatuors marquent pour Emanuel BACH la découverte du style classique viennois et portent une empreinte presque beethovénienne. La partie de clavier obligée est beaucoup plus pleine, riche et ne constitue plus un simple accompagnement de basse continue. Un remplissage harmonique supplémentaire n’est ici nullement nécessaire. La subtile interaction des deux instruments de dessus renforce le caractère moderne de ces compositions.
Des extraits du cycle “Marienbader Elegie” de Johann Wolfgang von Goethe ponctueront ce concert lecture.
Mardi 6 août, 17h00, Conférence, salle des fêtes
Conférence: Deux siècles de civilisation baroque européenne
Le XVIe siècle européen est marqué par le profond mouvement artistique et culturel de la Renaissance. Il est aussi traversé de crises majeures qui secouent le continent : guerres d’Italie, guerres de religion, péril musulman, etc.
Les XVIIe et XVIIIe siècles seront ceux d’un renouveau dans tous les domaines, à la suite du concile de Trente qui initie la Contre-Réforme ainsi que des multiples réflexions juridiques et philosophiques concernant l’exercice du pouvoir et la structuration des états. Il en sortira le monde baroque, véritable moule dans lequel se forment peu à peu les états-nations modernes.
Il est donc indispensable de s’intéresser, dans une approche largement ouverte, à l’architecture et à l’urbanisme religieux, civils et militaires, à l’aménagement du territoire par des réseaux de routes et de canaux, aux progrès de la science et au fulgurant développement de toutes les formes d’expression intellectuelles et artistiques.
C’est ce que proposera cette conférence-projection donnée par Jean-Loup Fontana, Conservateur du Patrimoine, le mardi 6 Août 2024 à 17h, dans le cadre du festival de musique baroque de Clumanc.
Mardi 6 août, 20h00 Eglise Saint-Honorat
Autour de Mozart
Les compositeurs de cette soirée ont tous eu des relations avec Mozart. Certains comme modèle ( Haydn ), d’autres comme élève ( Hummel ), d’autres comme concurrent ( Clementi ), d’autres comme continuateur du style viennois ( Beethoven ).
La Sonate en fa majeur de Haydn incarne la situation du clavier viennois avant Mozart, à partir de laquelle il a pu trouver des caractères d’expression personnels (comparez par exemple le deuxième mouvement de Kv 280 avec cette sonate).
La sonate en sol mineur op. 34 n 2 de Clementi englobe un style différent, consacré à une conception différente de la mécanique et de l’exécution, avec l’exaspération des possibilités d’exécution et l’exploration de possibilités au-delà de l’ordinaire.
Dans la lignée du pianisme beethovénien, l’opus 7 est une grande sonate en quatre mouvements, d’une longueur et d’une difficulté disproportionnées pour l’époque, facteurs qui marquent l’innovation de l’écriture viennoise pour le clavier à la fin du XVIIIe siècle.
La Sonate op. 20 de Hummel ouvre sur des sensibilités futures auxquelles Chopin a également puisé (Concerto op. 21), conservant dans le deuxième mouvement une écriture de la ligne compositionnelle artisanale. Le finale, quant à lui, s’inscrit dans la ligne de virtuosité ouverte par l’écriture de Beethoven, réservant à Mozart un hommage inattendu et juste dans la brillante conclusion.
Jeudi 8 août, 20h00, Eglise de Saint-Honorat
Avant propos
Donner un aperçu comparatif des styles allemands et français concernant la chanson, pourrait paraître un projet téméraire ; il faudrait, non pas un, mais plusieurs programmes pour y parvenir !
En outre, comme il arrive souvent, les périodes des floraisons artistiques ne coïncident point, ce qui pourrait rendre la comparaison caduque.
Effectivement lorsque Benjamin de La Borde publie son premier livre des chansons, en 1757, il y a déjà une production publiée immense ; tandis que du côté de l’Allemagne à la même période (Hiller et C.PH.E Bach), nous trouvons, en comparaison, des compositions quelque peu simplistes .
Plus précisément, la première chanson du programme intitulée “Ma bergère est tendre et fidèle“, extraite du second livre de La Borde, reprend le même texte, ce qui est très certainement un hommage à Michel Lambert qui le publia en 1689 !!!
De l’autre côté du Rhin, il faut attendre les années 1770 pour avoir une production réellement établie. Ainsi lorsque Grétry (1741-1813) ou Boieldieu (1775-1834) publient leurs romances, il s’agit d’un style quelque peu blasé, alors que Reichardt ou Zumsteeg sont en pleine ferveur artistique.
Il y a aussi, entre les deux styles, une conception plutôt inconciliable à ne pas négliger (quant aux sujets et aux caractères). En avançant dans le XVIII siècle, l’Allemagne se plonge dans un sentimentalisme allant jusqu’au morbide, alors que la France se lance dans une gaieté qui vire souvent à l’affèterie.
Cependant la beauté de ces musiques mérite qu’on risque à présenter au public un échantillon qui satisfera, nous semble-il, les oreilles les plus délicates.
Vendredi 9 août, 20h00
la Minoterie, La Mure/Argens
Fouad s’est engagé dans une réappropriation et une diffusion du répertoire Arabo-andalou. Spécialisé dans l’exécution du répertoire classique dans le respect de la tradition ancestrale par voie orale, il ne délaisse pas pour autant le répertoire très apprécié du Hawzi et du Chaabi *.
Ce concert vous laisse voyager entre Modes et rythmes ainsi que l’harmonie du Mandole et du Violon.
Fouad sera accompagné par son ami et virtuose
Farid ZEBROUNE.
* Le chaâbi (de l’arabe الشعبي) est un genre musical algérien, né à Alger au début du xxe siècle. Il dérive de la musique arabo-andalouse. Le hawzi est un autre genre musical qui découle de cette même musique. Les chants du chaâbi, portés par l’idiome algérois ou berbère, se nourrissent de poésies anciennes mais aussi de textes originaux très souvent actuels.
Samedi 10 Août, 20h00
Eglise Notre-Dame
Henry Purcell compose à la fin du XVIIe siècle, quarante deux partitions pour accompagner des pièces de théâtre. Parmi elles, The Fairy Queen, écrite en 1692, combine, le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare amputée d’une partie du texte, avec des masques, nom utilisé pour qualifier des intermèdes musicaux mêlant musique, chants, ballets et scénographie grandiose. Dans chacun des masques, les rôles parlés étaient attribués aux personnages principaux, tels Titiana, Oberon et Puck, et les rôles chantés et dansés, aux nombreux personnages secondaires.
Avec la participation des stagiaires des ateliers chant choral et théâtre.
L’ensemble constitue ainsi un spectacle total, festif et éclatant, bien que dénué de vraisemblance narrative. Toutefois, la composante musicale de Purcell est d’une exquise délicatesse et d’une inépuisable inventivité. Elle a pour fonction de peindre la nature et son univers onirique et allégorique, à travers des personnages grotesques et des figures surnaturelles évoquant la Nuit, le Secret, le Mystère, le Sommeil et les quatre saisons, mais aussi de rendre compte, sous forme parodique, de l’éventail des sentiments amoureux. Ce genre typiquement anglais du semi opéra était extrêmement populaire à l’époque de Purcell. Il faudra attendre l’arrivée à Londres de Haendel vingt ans plus tard pour que l’opéra soit intégralement chanté.
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